La distillation de l’alcool de riz au Cambodge : Un art précis et subtil pour un élixir d’exception
La distillation de l’alcool de riz cambodgien est un art précis. On prépare une mixture, puis on la verse dans un chaudron. Ce dernier se positionne sur un foyer alimenté par du bois ou du son de riz. Pour une distillation optimale, le chaudron est hermétiquement fermé avec un couvercle muni d’un tube de métal.
Un tuyau flexible se connecte au tube. Il est guidé à travers un récipient d’eau froide. Là, les vapeurs d’alcool condensent, créant l’alcool distillé. On recueille le précieux liquide dans un bidon, prêt à dévoiler sa complexité aromatique.
Il faut noter plusieurs points importants. Le récipient en terre cuite pour la macération du riz doit être parfaitement sec. Toute humidité peut altérer le goût de l’alcool. On scelle hermétiquement le couvercle du chaudron avec de l’argile ou un mélange de riz cuit et de cendres tamisées.
Il faut aussi sceller soigneusement chaque point du système où des fuites de vapeur peuvent se produire. La qualité de l’alcool de riz dépend en grande partie de la qualité de la levure utilisée. La levure, « dâm-baé » ou « mé », est essentielle dans le processus de fermentation. Elle détermine le caractère et la saveur de l’alcool final. Le terme « mé » signifie « mère », soulignant le rôle crucial de la levure dans la création de cette boisson.
La levure : Entre tradition et innovation
Il existe deux approches distinctes en ce qui concerne la levure utilisée dans la production de l’alcool de riz cambodgien. Certains producteurs optent pour l’utilisation de levure chimique prête à l’emploi, souvent importée du Vietnam. Cette levure, bien que peu coûteuse et facile à utiliser, est généralement considérée comme de qualité médiocre. Les connaisseurs soulignent que l’alcool produit avec cette levure chimique peut provoquer des effets secondaires plus prononcés, tels que des maux de tête et d’autres effets indésirables.
D’un autre côté, de nombreux exploitants préfèrent fabriquer leur propre levure en utilisant des végétaux disponibles dans leur environnement immédiat. Cette approche traditionnelle permet aux producteurs de contrôler la qualité de leur levure et de créer des saveurs uniques dans leur alcool de riz. Dans un exemple donné par l’ethnologue cambodgien Ang Chulean, un atelier familial de distillation dans un village de la province de Siem reap utilisait une variété d’ingrédients végétaux réduits en poudre, tels que des feuilles et du bois provenant d’espèces spécifiques comme Diospyros bejaudii, Polyalthia evecta, Lepisanthes rubiginosa, Micromelum minutum et Suregada multiflora.
Certains foyers se spécialisent même dans la production de galettes de levure qu’ils vendent aux ateliers de distillation. Cette pratique met en évidence l’importance accordée à la qualité de la levure dans le processus de fabrication de l’alcool de riz cambodgien, ainsi que le rôle central joué par les connaissances et l’expertise des familles dans le maintien des traditions artisanales.