L’origine des Khmers rouges
Le parti communiste cambodgien, aussi appelé Angkar Loeu ou Khmers rouges, a vu le jour dans les années cinquante. Pendant des années, il a eu une influence limitée. Aux élections de 1955, il n’a recueilli que 4% des voix.
En 1958, le parti a été interdit. Pourtant, il a continué à opérer en secret. Vers 1961, Saloth Sar, plus connu sous le pseudonyme de Pol Pot, a réorganisé le parti. Le prince Sihanouk les a qualifiés de « Khmers rouges« .
En 1962, ils ont tenté de prendre le pouvoir mais ont échoué. En 1966, un soulèvement paysan à Samlaut, province de Battambang, a été sévèrement réprimé par le général Lon Nol, Premier ministre de l’époque. Après cette répression, les dirigeants de la gauche légale ont rejoint le parti communiste. Ces nouveaux membres, dont Khieu Samphan, Hou Yuon et Hu Nim, ont augmenté les effectifs du parti. Le parti ne comptait alors qu’un millier de membres. Ils ont su tirer parti de la guerre du Vietnam.
Saloth Sar et ses proches ont pris le contrôle du parti communiste cambodgien à partir de 1964. Le parti était alors connu sous le nom de Parti ouvrier du Kampuchéa. Ces leaders, dont plusieurs étaient d’anciens membres du Cercle marxiste parisien, savaient que le parti avait peu de poids politique à cause de sa clandestinité et de son illégalité au Cambodge. Pour renforcer leur position, ils ont décidé de s’exiler dans les zones rurales et de chercher des alliés internationaux.
Les Khmers rouges ont diffusé sur le terrain une idéologie révolutionnaire, identitaire et anti-capitaliste. Ils ont appris à gérer la population en renforçant les aspects sécuritaires et répressifs, qui allaient devenir des piliers de leur futur gouvernement.
Évolution politique des Khmers Rouges et relations régionales
Pendant leur exil rural à partir de 1963, les dirigeants khmers rouges se sont installés dans des zones du pays contestées par les Vietnamiens, mais leur objectif était de se détacher de leur influence. Saloth Sâr, futur Pol Pot, considérait les Vietnamiens comme étant à terme pro-Sihanouk. Durant cette période, le secrétaire général du parti et le comité directoire se sont réunis pour définir une ligne de conduite soutenant « toutes les formes de lutte » contre le gouvernement du chef de l’État cambodgien.
Après avoir établi leur base à Hanoï entre avril 1965 et février 1966, Pol Pot a senti que les Vietnamiens étaient hésitants à s’engager pleinement en sa faveur. Il a donc décidé de se rapprocher de la Chine maoïste, qu’il considérait plus proche de ses convictions. À ce moment-là, le Parti ouvrier du Kampuchéa a été secrètement rebaptisé Parti communiste du Kampuchéa (PCK). Cette dégradation de l’estime envers les Vietnamiens et le changement de nom sont restés confidentiels au sein du parti. Seul le Centre, le noyau dirigeant khmer rouge, était au courant de ces décisions. Bien que de nombreux Cambodgiens soient conscients de l’existence d’une mouvance communiste dans le pays, ceux qui connaissent en détail sa structure et son organigramme sont rares.
Escalade de La lutte armée des Khmers Rouges
Un événement crucial renforce cette approche secrète et confirme qu’il s’agit d’une véritable stratégie. Norodom Sihanouk, qui remet en question son gouvernement, menace ses ministres de gauche, Khieu Samphân, Hou Yuon et Hu Nim, de les convoquer devant les tribunaux militaires. Le trio s’échappe de la capitale en 1967 et rejoint certaines bases du PCK, en particulier dans les Cardamomes.
Plusieurs médias spéculent alors sur leur exécution par les partisans de Sihanouk, suscitant un sentiment d’injustice parmi de nombreux jeunes militants. Des manifestations en hommage à ces « martyrs » se déroulent à Kampong Cham et Kandal. Le PCK révèle publiquement l’appartenance des dirigeants. Ils sont présentés comme « les trois fantômes », les nouveaux leaders du mouvement. Cette présentation vise à renforcer leur légitimité. Cependant, le véritable pouvoir reste entre les mains de Saloth Sâr, Nuon Chea et Son Sen. À cette époque, ils promeuvent exclusivement le terme d’Angkar, l’organisation, au sein du PCK.
En janvier 1968, le parti communiste entame une lutte armée dans les montagnes des Cardamomes, mais elle rencontre peu de succès.